L’exposition propose d’arpenter (au sens où Deleuze aura pu le dire de l’écriture) une écriture du corps, à mi-chemin entre la table de dissection et la fabrique textile – un territoire organique en formation où le filament, le vaisseau, le poil, le nerf, la veine et le trait du dessin créent un continuum. Les filaments du dessin poursuivent leur parcours dans les enroulements et les circonvolutions du tricot qui se déploie au sol ; les linéaments de porcelaine forment des agglomérats noueux grossissant sur la base d’une structure proche de la dentelle ; des cheminées donnent naissance à des formations organiques aléatoires : le va-et-vient constant entre les traits du dessin et les filaments textiles forment une lecture par nappes – une lecture tissulaire – où se croisent la fabrique textile et la fabrique du corps humain. Le matériel biologique (le chromosome, la cellule, les tissus, les organes, les vaisseaux, etc.) redonne au textile une présence inédite qui intensifie le modèle structurel organique dans la constitution des objets. Le textile passe d’un état de revêtement (ou de vêtement) à celui d’un outil de conception organique des objets ; ceci est manifesté par des procédés souples d’entrelacement, d’enroulement, de nouage des matériaux. L’objet se file et se défile (en tant qu’il se dérobe à la fonction que l’on attend de lui), il devient une quasi-écriture, et témoigne d’une organicité devenue autonome, résorbant la distance entre l’organe et l’objet.