Le projet Hasard est avant tout une rencontre entre deux matières, deux techniques (la céramique et l’ébénisterie) et, partant, plusieurs artisans de ces techniques (Richard Verdet et Marlène Rifford) – faisant émerger un dialogue à la fois technique et plastique aboutissant à la création d’une série de pièces creuses qui se rencontrent par emboîtement.
Exprimant l’aléa des rencontres mais aussi l’instabilité, l’incertitude et le risque (ce que le mot hazard, en anglais, manifeste mieux), la notion de hasard recouvre à la fois le thème, le processus et le résultat de ce projet. Le champ de l’impondérable est cultivé, puisqu’en effet nous choisissons, comme dans le jeu du cadavre exquis, de laisser une part d’inconnu — chacun réalisant sa partie dans des ateliers différents. Chacune des pièces est donc sculptée indépendamment l’une de l’autre. La seule donnée invariable réside dans la partie circulaire composée de dents s’emboîtant les unes dans les autres et permettant de la sorte la rencontre et l’assemblage de chaque partie.
Le jeu des rencontres entre les pièces produit des hasards « heureux », des rencontres improbables ou encore des rapports plus difficiles, plus instables. Les objets ainsi créés sont à l’image du processus dont ils naissent, éprouvant par là même la richesse de l’indétermination et le jeu des possibles.
Les Objets éponges présentent une plasticité polymorphique et nous mettent face à ce qui semble être une perpétuelle croissance, un développement sans début ni fin – ou s’agit-il de la prolifération imprévue d’une expérience microbiologique ? La lisibilité des Objets éponges se fait en filigrane, par l’entrelacement des brins de porcelaine qui abolissent quasiment l’idée d’objet. Cette nouvelle lecture de l’objet remet en question la dialectique de l’intérieur et de l’extérieur, puisque toute idée de cloisonnement s’est dissipée.