Conférences

Design & médecine

Lieu : La Cité du design de Saint-Étienne, Le Mixeur. Organisateur : Le Pôle des Technologies Médicales de Saint-Étienne, La Cité du design de Saint-Étienne
Date : 19 mars 2013
Type : conférence

Dans le cadre de la Biennale Internationale Design 2013 de Saint-Étienne, le Pôle des Technologies Médicales et le pôle Recherche de la Cité du design organisent une présentation de l’étude « Design et
médecine » par Roxane Andrès.

Les pratiques médicales contemporaines outrepassent aujourd’hui le cadre traditionnellement alloué à la médecine : celui de la guérison ; en effet, ces pratiques, désormais mêlées à la perspective de la biologie, n’ont plus pour quête le simple fait de rétablir la santé, mais aussi celui de l’améliorer. Par conséquent, de nouvelles voies de recherche ont été mises au jour dont le questionnement éthique est devenu le corollaire ; en cela, le champ de la médecine a été littéralement élargi en sorte que la question opposant le normal au pathologique est de nouveau de première importance. Traditionnellement, la médecine est précisément un retour à l’équilibre, à la norme [1] – définition qui, à notre époque, ne semble plus opérante, à l’instar de la définition de la santé donnée par l’Organisation Mondiale de la Santé : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité [2] », définition qui, pour le moins, peut être considérée comme utopique. Dès lors, la santé pour la médecine serait comme un idéal à atteindre, auquel il semble impossible d’aboutir. De ce fait, il est possible de parler d’une véritable mise en mouvement de l’idée de santé et de norme qui, pour être redéfinies, peuvent convoquer divers champs disciplinaires. La médecine, marquée par ces imprécisions correspond-elle donc toujours à cet « art de bien guérir » ? Les évolutions technologiques ayant pour conséquences la miniaturisation, la numérisation et la virtualisation, touchent également les pratiques médicales et impliquent une remise en cause profonde des systèmes de soin. Le malaise que connaît la médecine ne va pas sans atteindre le patient, celui-ci ayant été, au cours de ces dernières décennies, relégué au rang d’élément secondaire, abandonné au profit de l’efficacité de la technologie. Or, comment un système de soin peut-il exclure le malade, le patient ?

La création – l’art et le design – peut-elle jouer le rôle de médiateur entre la personne et l’univers médical ? Les différentes expressions de la création peuvent-elles contribuer à mettre en place un espace de réflexion et de dialogue autour du thème de la médecine et de la santé, vu sous un angle différent de celui du regard scientifique ? Face aux problématiques soulevées par la crise médicale, le design peut-il formuler des hypothèses, proposer de nouveaux scenarii de soin ou tenter de redéfinir la médecine de demain ? Quels sont les liens qu’il entretient avec le domaine médical et quel peut être son rôle dans les enjeux médicaux présents et à venir ?

R. Andrès

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Notes :

[1] Selon Jean Starobinski : « Émile Littré […], définissait la guérison comme un retour à l’état normal », « L’espoir de la guérison entre foi et savoir », dans La médecine ancienne, du corps aux étoiles, p. 21.

[2] Extrait de la « Constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé », Organisation Mondiale de la Santé, p.1. Page consultée le 3 mai 2013, <http://apps.who.int/gb/bd/PDF/bd47/FR/constitution-fr.pdf> [en ligne]. La Constitution a été adoptée par la Conférence internationale de la Santé, tenue à New York du 19 juin au 22 juillet 1946, signée par les représentants de 61 états le 22 juillet 1946 et est entrée en vigueur le 7 avril 1948.