Expositions

L’expression du soin

Lieu : 18 rue de la République - Saint-Étienne
Date : Du 9 mars au 9 avril 2017
Type : Exposition collective

L’expression du soin est une exposition proposée par la Plateforme Socialdesign, au Living Lab Santé « Bien vieillir », dans le cadre de la Biennale Internationale Design de Saint-Étienne, au 18 rue de la République.

L’EXPRESSION DU SOIN

« Le soin n’est pas seulement la part thérapeutique, celle qui soigne directement et rend la maladie ou le vieillissement réversible, c’est aussi une part d’attention portée à l’autre simplement par l’écoute, le regard, l’échange, la parole, le toucher, la stimulation, le plaisir. L’autonomie, le confort, le beau, la bienveillance, le choix, ne peuvent-ils pas procurer plaisir et soin ? Un objet pourrait il être bienveillant, donner des signes de l’accompagnement qu’il prodigue ? Qu’en est-il de la bienveillance de nos objets et de notre environnement pour les personnes âgées ou vulnérables ?
Partant de cette interrogation, L’expression du soin propose de mettre en dialogue avec vous cinq objets/projets. Dans le domaine du soin, le design est souvent cantonné à la performance médicale, les outils chirurgicaux, les prothèses, la connectivité, l’ergonomie. Les objets présentés ici n’ont pas vocation à être produits, commercialisés ou industrialisés. Ce sont des pièces uniques ou des prototypes, des objets contextuels qui interrogent le regard que la société porte en général sur le vieillissement, ou proposent simplement d’autres paradigmes. Ils sont des objets discursifs, communicants ou f(r)ictionnels comme aime à les nommer Max Mollon. Il s’agit pour nous de poser des questions et de collecter des ressentis. L’exposition devient le prétexte pour parler des attentes que nous avons quant à la sécurité, ou l’accompagnement des personnes vulnérables, et soulève des questions d’éthique médicale.
Il s’agit d’interroger ladite bienveillance des objets. Pourquoi travaillons-nous à réparer, pourquoi le design travaille plus à outiller l’incapacité, qu’à accompagner la capacité ou la capacitation ? Le projet Senior mobile, par sa simplicité, empêche le relâchement du corps qui doit se prendre au jeu et rester vigilant, actif, il favorise la mobilité de nos ainés ainsi qu’une image positive et plaisante de leurs corps rendus actifs. Cette exposition ne permet pas de faire un test pour vérifier ou valider l’efficacité des objets présentés, mais bien de titiller les représentations que nous avons, nos peurs, afin de permettre de changer les paradigmes de réflexions ou les convictions que nous avons face à la conception et les usages des objets dans le domaine du soin. »

Roxane Andrès et Nawal Bakouri

 

LE VALET DISCRET, Roxane Andrès, 2017

« Inquiétant ou familier, le valet discret questionne un environnement qui, comme par mimétisme, vieillirait avec nous. »

Dans l’histoire des objets bienveillants, accompagnants nos vies quotidiennes, le valet est celui qui se fait discret, qui vient prendre soin de nos affaires, il les porte jusqu’au lendemain, il les maintient à disposition. Il s’inscrit dans cette tradition mobilière d’objets accompagnants dont le nom évoque des personnes bienveillantes, ou rendant service : le confident, la coiffeuse, la causeuse, le secrétaire, le serviteur muet, etc. Ici, le meuble est pensé comme une chimère à la croisée du porte manteau, du dossier de chaise de la table de nuit, voire du déambulateur. Le Valet discret invite à la réflexion sur l’environnement des personnes âgées, leur espace domestique, familier, et sur l’intrusion d’un matériel médicalisé invasif. Quelle rencontre possible ?

Quelle évolutivité de la notion de chez soi? Que serait un objet qui évolue en même temps que la personne et son histoire ? Les objets du quotidien, notre environnement familier, pourraient-ils être doués d’empathie, se transformer et évoluer selon l’âge qui avance, selon notre état ? Pouvons-nous imaginer que notre environnement vieillisse avec nous ? Ce meuble est-il un reflet de la vieillesse ou est-il en train de vieillir lui-même ? Comment penser un environnement miroir, reflétant, s’accordant et dialoguant avec les changements d’identité, de morphologie, liés au vieillissement tout en restituant un espace narratif ?

 

ENQUÊTE COLORÉE – L’expression de la vieillesse – Temps 1, Roxane Andrès, 2017

— « Vieillir, c’est se décolorer, être transparent. » (Annie Ernaux)
— « La vieillesse est un continent gris, indécis, voire indicible. » (Nicole Benoit-Lapierre)

Non couleur, couleur absolue ou absence de couleur – le monde de la vieillesse serait-il transparent, incolore, ou en nuances de gris ? Mais de quels gris parlons nous ? Un gris poussière, un gris crépuscule, un gris flanelle, un gris d’argent ? Quelles autres nuances pourraient être convoquées pour peindre un paysage coloré de la vieillesse, ou plutôt de son imaginaire collectif et individuel ? Un dispositif d’enquête est mis en place afin de faire émerger en plusieurs temps des nuanciers alimentés par les passants, les visiteurs de tous âges. Que pense un enfant de 8 ans sur la vieillesse ? Une personne de 65 ans se sent-elle vieille ? Quelles couleurs nous évoque ce sentiment ? La pyramide des âges sert de support pour réceptionner ces témoignages et met en dialogue les mots et les nuances.