Les questions de territoires restent un enjeu particulièrement débattu en arts plastiques comme en design puisque leurs histoires tendent à s’entrecroiser, s’entremêler, voire s’interférer. Non qu’il n’y ait plus, comme il serait facile de le croire, de distinction réelle entre les disciplines, néanmoins, il est certain que s’opèrent des dialogues, des accointances ou bien des immixtions d’un territoire dans l’autre, contribuant ainsi à une mise en mouvement des frontières.
Ainsi, lorsque des glissements s’opèrent au sein des disciplines, qu’est-ce que cela peut produire : assistons-nous à une addition, une fusion, une porosité ou encore un choc ? Je propose de prendre l’exemple du glissement de territoire entre design et médecine. Dans ce contexte, je parlerais plus volontiers d’un « art de soigner », rappelant que la médecine a de tout temps été considérée comme un art et que cet art, aujourd’hui, infuse les pratiques contemporaines du design.
L’art de soigner implique des gestes, implique le designer dans un autre schéma productif, dans un autre rapport à l’objet ; nous nous demanderons donc en quoi cette gestuelle, cette posture, engage une redéfinition du territoire du design.
Comment, dès lors, représenter ces territoires en mouvement, voire ce que nous pourrions nommer des « glissements de terrain » ? Lorsque les nouvelles pratiques intègrent l’art de soigner comme pratique du design contemporain, nous assistons à une mise en abyme des objets — autrement dit des marqueurs — et du territoire qu’ils réinventent. Que révèle l’art de soigner comme pratique du design contemporain ? Quelles conséquences sur le remodelage des frontières du territoire du design ?